PEIRESC DANS L'HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES

Par Marc FUMAROLI
de l'Académie Française.
Marc Fumaroli : conférencier

Aix-en-Provence, Bibliothèque Méjanes, amphithéâtre de la Verrière
Vendredi 22 janvier 2010 à 19h.

Nicolas de Peiresc

Il ne pouvait revenir qu'à Monsieur Marc Fumaroli, membre de l'Académie Française, qui fit ses études supérieures au lycée Thiers à Marseille, puis à l'université d'Aix-en-Provence, qui fut professeur à la Sorbonne, et au Collège de France dans une chaire intitulée « Rhétorique et société en Europe (XVIe – XVIIe siècles) » et assuma la charge de Directeur de la revue « XVIIe siècle », de clore les manifestations qui ont accompagné l'exposition et les conférences consacrées à Nicolas Fabri de Peiresc (Belgentier 1580 – Aix 1637).

Car si Peiresc astronome, expérimentateur et observateur a été fortement mis à l'honneur, il convenait de ne pas négliger l'honnête homme, héraut d'une modernité qui lui doit au moins autant qu'à certains de ses contemporains, sans doute plus connus que lui, comme Gassendi, premier biographe de Peiresc. Pourtant dans cette République des Lettres qui naît de la « conversation » épistolaire (et parfois directe) que les savants et les écrivains de l'époque classique entretiennent régulièrement — et qui fait de leur œuvre un travail déjà collectif — Peiresc occupe une place éminente et particulière.

Notice biographique sur Peiresc

Nicolas-Claude Fabri, seigneur de Peiresc, est né le 1er décembre 1580 à Belgentier : suite à une épidémie de peste qui sévissait alors à Aix, ses parents avaient jugé préférable de s'éloigner de cette ville contaminée où ils résidaient.

Peiresc et son jeune frère Palamède firent leurs études dans des collèges de Jésuites à Brignoles, Avignon, Tournon et Aix.

Il n'a pas 19 ans lorsque fut décidé un voyage en Italie. Il s'y rend, toujours accompagné de Palamède, rempli du désir de connaissance. Cette décision fut certainement déterminante pour lui : il va y rencontrer tous les lettrés de l'époque (Pinelli, le cardinal Bellarmin, Galilée et bien d'autres). Il y visite tout ce que l'Italie comptait de villes réputées et chargées d'histoire : Padoue, Venise, Naples, Rome.

Revenu en France au cours de l'année 1604, Peiresc se rend à Montpellier pour y poursuivre des études de droit ; il y séjourne deux ans. Puis le premier président du Parlement de Provence, Guillaume Du Vair, obtient qu'il fasse partie de sa suite pour aller à Paris (1605). Peiresc voyage ensuite en Angleterre, puis, passant par les Pays-Bas (où il rencontre Scaliger) et les Flandres, il rentre à Aix.

Le 24 juin 1607 il est reçu comme Conseiller au Parlement d'Aix, charge qu'il hérite de son oncle paternel Claude.

Du Vair est nommé Garde des Sceaux en 1616 : Peiresc le suit à nouveau à Paris où il est initié aux affaires de l'État. À partir de 1623 Peiresc revient à Aix pour n'en plus repartir : il y poursuit ses recherches, séjournant tantôt dans son hôtel de Callas tantôt dans sa propriété de Belgentier.

En relation épistolaire avec les grands intellectuels de son époque (Malherbe, Rubens), il va s'intéresser à tous les arts : astronomie, zoologie, botanique, histoire, numismatique, égyptologie, etc., et dans toute circonstance, il saura émettre des avis originaux. Touche-à-tout de génie, Peiresc fut un érudit rare mais aussi le personnage raffiné et généreux que les bonnes sociétés recherchaient. Il ne laissera malheureusement aucune publication qui put perpétuer sa mémoire.

Malade, il meurt le 23 juin 1637 à Aix-en-Provence. Son ami Pierre Gassendi rédigea très peu de temps après une remarquable biographie.

À sa mort, c'est son frère qui hérita de ses biens, dont les manuscrits. Ceux-ci, après des fortunes diverses, furent répartis en plusieurs endroits de conservation. On les trouve aujourd'hui à Carpentras, à Paris, mais aussi à la Bibliothèque Méjanes d'Aix-en-Provence. Le Fonds Peiresc de la Méjanes se compose de 15 registres de correspondance dans laquelle sont abordés des thèmes de la philosophie naturelle (les mathématiques, l'astronomie, la physique, la botanique, la zoologie, la paléontologie, etc.).


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