La Provence – 15 août 2012

Embarquement immédiat pour l’espace au planétarium

Deux fois par semaine, il propose des séances d’initiation aux amateurs d’astronomie.

Des dizaines d’ingénieurs vêtus de T-shirt bleus sont assis côte à côte, dans un silence pesant. Soudain une voix grésillante retentit : « Nous sommes bien arrivés sur Mars. » Toute la salle de contrôle de la Nasa explose de joie, les ingénieurs crient, pleurent, s’enlacent. Après huit mois de voyage, Curiosity, un robot ultra sophistiqué de 900 kg, est enfin arrivé sur la planète rouge, en parfait état de marche. Mardi dernier, à plusieurs milliers de kilomètres du laboratoire de la Nasa à Pasadena, en Floride, une quarantaine d’amateurs d’astronomie revisionnent cette scène de liesse au planétarium Peiresc, au milieu du parc Saint-Mitre. L’association des Amis du Planétarium d’Aix-en-Provence – A.P.A.P. – propose deux fois par semaine des séances d’initiation à l’astronomie, destinées d’abord aux plus jeunes.

« L’astronomie passionne les adolescents. »

Au milieu des lunettes d’observation et des planètes miniatures, Laurent, animateur des ateliers, explique avec pédagogie les différentes étapes de l’atterrissage du robot explorateur.

Derrière lui, les images en 3D de la Nasa permettent de mieux visualiser l’environnement martien et les instruments embarqués par Curiosity. « L’astronomie passionne les enfants et les adolescents » assure Laurent, ingénieur de formation. « Nous recevons beaucoup de groupes scolaires, parfois difficiles. Ils sont toujours très réceptifs et intéressés par les séances. » Toutes les grandes bases de cette science de l’espace sont abordées : la composition du système solaire, les éclipses, la lune, les astéroïdes, les comètes… Le jeune public semble captivé et n’hésite pas à questionner Laurent quand un point lui échappe. Après une longue présentation, la séance se poursuit dans le « cœur » du planétarium, une petite salle circulaire semblable à un dôme. On y observe le ciel étoilé et d’autres animations en trois dimensions, projetées à 360º. Laurent en profite pour y situer les constellations et expliquer leurs origines mythologiques. Cassiopée, Pégase, la Méduse, Persée, la Grande et la Petite Ourse n’ont jamais été si proches.

9 600 visiteurs en 2011, déjà 9200 cette année

Admirables également, les images accélérées de splendides aurores boréales provoquées par la rencontre entre les particules solaires et le champ magnétique terrestre. Le jaune, le vert, le bleu, le rouge s’entremêlent au-dessus des pôles. Laurent s’attarde aussi sur les étoiles filantes, ces poussières cosmiques qui s’enflamment au contact de l’atmosphère terrestre. Les amateurs ont pu les observer dans le ciel aixois les 11 et 12 août dernier à l’occasion de la nuit des étoiles.

Au bout d’une heure et demie de séance, adultes et enfants sont conquis. « Mon fils était déjà venu avec l’école, j’ai bien fait de l’accompagner. L’animateur est pédagogue et en plus ça collait avec l’actualité sur Mars » raconte Stéphane, un jeune père de famille. Grégory, en vacances à Aix, ne regrette pas non plus sa visite. « Je pensais que ce serait plus adapté aux enfants mais j’ai appris beaucoup de choses. J’aurais des milliers de questions à poser si j’avais le temps ! »

Le succès du planétarium se confirme aussi dans les chiffres : 9600 visiteurs en 2011 et déjà 9200 au mois de juillet 2012 d’après le président de l’A.P.A.P., Philippe Malburet. Pour pouvoir accueillir dans de meilleures conditions le public toujours plus nombreux, un nouveau planétarium devrait être inauguré l’année prochaine, à quelques mètres de l’actuel – il s’agirait même du plus grand de Provence. En attendant, le public peut continuer d’observer les étoiles dans les locaux présents, à côté des lunettes d’observation et des planètes miniatures…

François-Xavier LAMBERT

Le personnage

Fabri de Peiresc, un savant touche-à-tout

Le planétarium Peiresc tient son nom d’un célèbre astronome aixois mort en 1637 dans la ville : Nicolas-Claude Fabri de Peiresc. Né en 1580 à Belgentier (Var), il est proclamé docteur en droit en 1604. Mais cet intellectuel au parcours éclectique fut aussi conseiller au parlement de Provence, zoologue, botaniste, naturaliste, historien, homme de lettres, archéologue… Épistolier remarquable (plus de 10 000 lettres rédigées), dont des correspondances entretenues avec Richelieu ou Galilée, il fut surtout un brillant astronome. En novembre 1610, soit dix mois après Galilée, il redécouvre les satellites de Jupiter. Avec beaucoup de génie, il procède à des mesures qui lui permettent d’établir des tables (plus précises que celles de Galilée) mesurant avec précision les longitudes terrestres. Il ne les publiera pas. Un certain nombre de ses découvertes auraient d’ailleurs été attribuées à d’autres… En sa mémoire, un buste de bronze a été élevé sur la place de l’université à Aix-en-Provence.


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