Peiresc est un nom familier des Aixois, ses concitoyens. Mais peu d'entre eux savent quel était l'homme au-delà du nom. L'historien du XVIIe siècle, Marc Fumaroli, de l'Académie française, a entrepris de combler cette lacune, au travers d'une conférence organisée vendredi soir par l'association des Amis du planétarium d'Aix. Interview.
Qu'est-ce qui vous a conduit à vous intéresser à Peiresc ?
« Étant dix-septiémiste d'origine et de profession, j'ai rencontré très tôt Peiresc. Il n'a pas publié, mais tous ses contemporains qui l'ont fait ont évoqué ce personnage. Il inspirait leurs travaux, fournissait des éléments, mettait en relation des personnes. Il adorait jouer le rôle d'interface, pour prendre une expression actuelle. Peiresc est présent dans l'histoire des sciences — de l'astronomie notamment — de la littérature, de l'art, auprès de Rubens, de Poussin ou de Claude Mellan, l'un des plus importants graveurs que la France ait connus. Peiresc s'est intéressé à tous les aspects du savoir et les a tous fait progresser à la fois. »
Votre conférence avait pour thème : « Peiresc dans l'histoire de la république des lettres ». Quelle est cette « république » ?
« Ce mot est à entendre au sens latin de res publica, le patrimoine commun. Il représente tout ce que les Grecs et les Latins ont laissé. Il représente aussi tous ceux qui ont la compétence pour retrouver ce patrimoine, le commenter et l'augmenter, car ce patrimoine n'est pas figé. La république des lettres c'est enfin l'ensemble des personnes savantes, et qui collaborent entre elles, dans l'ensemble de l'Europe, unies souvent par des liens d'amitié. »
Les Amis du planétarium signalent que vous avez effectué vos études à Aix. Que pouvez-vous en dire ?
« Je n'ai effectué qu'une année d'études à Aix, pour mon mémoire de maîtrise. C'était il y a bien longtemps : l'université se trouvait dans un hôtel du XVIIe siècle, la bibliothèque Méjanes était située dans la mairie. Et il n'y avait même pas de Festival… »
Recueilli par Paul-Henry Fleur