Une étude statistique, parue il y a quelques années, avait révélé un résultat… pour le moins surprenant : à la question « Le soleil tourne-t-il autour de la terre ? », sur 100 personnes interrogées, plus de 33 personnes avaient répondu « tout à fait vrai » ou « probablement vrai ». Lorsqu’on sait également que certains audacieux individus sont capables de fabriquer leur propre engin volant dans leur garage pour vérifier que la terre est plate, on mesure l’étendue des dégâts en terme de connaissance moyenne de l’astronomie.
Mieux diffuser les savoirs, développer la culture scientifique, c’est le rôle (reconnu d’intérêt général) du planétarium aixois. Un outil géré par l’association Apap (Association des amis du planétarium d’Aix-en-Provence), au sein de la villa Clair-Matin, son bâtiment jouxtant le parc Saint-Mitre. À la tête de cette structure, une poignée de passionnés, à commencer par le président fondateur, Philippe Malburet. Le professeur de maths à la retraite est un entêté. Depuis des décennies, il se bat pour que le planétarium aixois devienne un instrument de référence dans la région. Une piste aux étoiles qu’il a déjà bien défrichée, puisque l’astronome amateur a obtenu des différentes collectivités – municipalité en tête – une série d’améliorations.
Lancée en 1989, l’Apap avait créé un planétarium provisoire en 2002, puis disposé, ces dernières années, d’un équipement immobilier « en dur ». « Depuis 2014, la Ville a fait un certain nombre de choses. Elle a rénové le bâtiment, en a bâti un autre avec la coupole qu’elle a financée » reconnaît sans peine le président fondateur, qui rappelle avec fierté que la coupole reproduisant la voûte céleste est « la plus grande de Provence » et que depuis quelques années, le nombre de visiteurs a explosé. D’environ 1 500 personnes en 2002, plus de 21 000 personnes auraient franchi ses portes en 2017. Le hic ? Pour profiter au maximum de cet instrument de 8 mètres, il faudrait que l’association dispose d’un « simulateur de ciel » perfectionné, « la pièce centrale de l’équipement » dit l’Apap. Second hic : ce projecteur ultratechnique coûte la somme (astronomique, pour le coup) de 691 000 € TTC.
« La culture scientifique est un peu délaissée. »
« La Ville devait nous appuyer pour acquérir le simulateur d’étoiles. C’était planifié sur trois ans, par tranches, il y a eu des validations progressives lors de plusieurs conseils municipaux, rappelle Philippe Malburet. En décembre 2016, un appel d’offres a été publié. Trois candidats se sont présentés en début 2017. Ils devaient être informés de l’évolution du dossier en juillet suivant, mais ne l’ont jamais été. Au service des marchés, se renseignant, on leur a répondu qu’il y avait eu une erreur, et qu’à la suite d’une contrainte technique, l’appel d’offre était repoussé. » En poussant un peu plus loin les investigations, Philippe Malburet comprend que la Ville a décidé de ne plus soutenir financièrement le projet. « Lorsque j’ai été reçu par Maryse Joissains, elle m’a répondu : “ Vous me l’apprenez… ” Le directeur des services m’a dit qu’en raison de la somme importante, la Ville ne pouvait assurer le coût. Et l’adjointe Mme Auger m’a conseillé de faire appel à du mécenat. »
« Nous avons donc changé notre fusil d’épaule, poursuit-il. Nous nous lançons dans la recherche de mécènes. Nous faisons appel à deux types de donateurs : les entreprises qui souhaitent soutenir le projet, et les particuliers. » Vaste aventure, sacré défi… Malgré un petit goût amer, sans doute, après la défection de la municipalité (que nous ne sommes pas parvenus à contacter) : « Ici, la culture scientifique est un peu délaissée, lorsqu’on compare avec le sport et la culture. » Décrocher la lune, ce n’est pas donné à tout le monde…
Julien DANIELIDES
L’Association des amis du planétarium d’Aix aimerait utiliser sa coupole de 8 mètres – la plus vaste de la région – dans des conditions optimales. Seulement voilà, le « simulateur de ciel » idéal, un projecteur hyper-sophistiqué, coûte la somme astronomique d’un demi-million d’euros. L’Apap accueille chaque année plus de 20 000 visiteurs et l’association est reconnue d’intérêt général ; la municipalité s’est engagée initialement à la soutenir pour acquérir cet outil. Mais faute de budget, elle a fait marche arrière. Désormais, l’Apap lance un appel aux mécènes privés.