Survol de la vie de Peiresc

PLAN

-oo0oo-

La jeunesse
Belgentier
Les ancêtres
Le voyage en Italie
La fin des études
Conseiller au Parlement de Provence
Peiresc à Aix
Nouveaux voyages de Peiresc
Abbé de Guîtres
La révolte de cascaveous
La mort de Peiresc
Le tombeau de Peiresc
Les effigies de Peiresc
L’homme
Retour salle Peiresc

Retour accueil

-oo0oo-

La Jeunesse

C’est le 1er décembre 1580 que Nicolas-Claude Fabri vit le jour. Au moment de sa naissance, la peste sévissait à Aix où résidaient ses parents, les obligeant à fuir et à se retirer dans une propriété qu’ils possédaient à Belgentier, ou Beaugentiers ,ou encore Boisgency selon les orthographes de l’époque.

Suivant une coutume de l’époque, sa mère qui était très pieuse, fit ondoyer son nouveau-né par le premier pauvre rencontré. Le père de Nicolas-Claude décrit la scène : « le I jour de décembre 1580, jeudi à six heure du soir attendant sept, ma femme est accouché d’un fils, baptisé entremains à Beaugency, par un pauvre homme nommé Jean Teisseire et ma sœur Damyrat. Puis le deuxième jour des festes de Noël, mon frère l’a tenu à l’église sur les fonds avec demoiselle Hellaine de Vallavoire sa marraine. »

Deux ans après sa naissance, naquit son frère Palamède ; leur mère succomba un mois après, à l’âge de 22 ans. Nicolas Claude fut élevé principalement par son père Rainaud Fabri et son oncle Claude Fabri. Rainaud était maître à la Cour des Aides et des Comptes d’Aix et Claude Conseiller au Parlement de Provence. Veuf, Raynaud de Fabri ne se remaria que quatorze ans plus tard, avec Catherine Vassal de Caradet, également veuve, dont l’unique fille, Marquise de Caradet, épousera Palamède. En 1604, Nicolas-Claude se fera désormais appeler et signera du nom de Peiresc.

-oo0oo-

Belgentier

Sans doute très peu avant la naissance de Peiresc, sa famille achète une propriété située à Belgentier, dans la vallée du Gapeau, au nord de Toulon. Les actes notariés ont disparu. Il subsiste cependant des actes datés de 1581 et enregistrés à Brignoles.

Dans celui du 25 août 1581, il est fait mention d’un engagement pris par l’oncle de Peiresc, Claude, devant le Prieur de Belgentier, Pierre Maurel, de faire construire à partir du Gapeau un béal (canal de dérivation) devant permettre d’irriguer une dizaine de terres incultes du domaine du Prieur. Un maçon de la région, Honorat Bonaud, sera désigné pour faire ces travaux et le béal sera effectivement construit. Ce béal existe toujours : il traverse le village de Belgentier en passages souterrains pour arriver à la propriété de Peiresc et se jeter ensuite dans le Gapeau.

Gravure d’Israël Sylvestre représentant la château de Peiresc à Belgentier, datant de 1660. On remarquera l’aspect emphatique des collines situées à l’arrière-plan. Musée Arbaud, Aix, Cl. PhM
Vue actuelle du château de Peiresc à Belgentier. Cl. JM Matthey
Portion du béal longeant le château Peiresc. Cl. JM Mathey

Outre sa naissance qui eut lieu à Belgentier, Peiresc se rendra souvent dans sa « maison de plaisance » à laquelle il est attaché, soit à l’occasion d’épidémies de peste, soit plus longuement, comme les séjours qu’il y fit entre 1623 et 1637.

Bien des événements de la vie de Nicolas-Claude se déroulèrent à Belgentier.

Retour

-oo0oo-

Les ancêtres

Dans la chronologie qui suit, les noms écrits en caractères gras sont les ancêtres directs de Peiresc.

Branche paternelle

Nicolas-Claude était le descendant d’un Jean Fabri (1099-?) gentilhomme et citoyen de Pise (Italie). Deux descendances de Jean Fabri s’installèrent en France : les Fabri de Provence, avec Hugues I (ou Hugon) sous le règne de Louis IX, et les Fabri de Languedoc (Montcault) avec le frère du précédent, Pierre, sous le règne de Charles VIII. C’est de Hugues I que descend Peiresc.

Hugues (I) Fabri, souvent désigné par Fabri de Hyères car il fut le premier de la lignée à s’y établir, embarqua le 24 août 1248 avec Louis IX à Aigues Mortes pour la 7e croisade.

Cette croisade tourna mal pour le souverain français : le 6 avril 1250, avec sa suite, St Louis fut fait prisonnier par les Mamelouks. Un mois plus tard, en échange d’une rançon, ils furent libérés ; ils débarquèrent en Provence le 3 juillet 1254, à Hyères, vraisemblablement aux Salins ou au port de l’Ayguade. Hugues I était gravement malade lors du retour, ce qui l’incita à se fixer à Hyères. C’est alors qu’il épousa Marie de Fos Solliès (issue des comtes de Provence) dont il eut deux fils : Ycard (ou Aicard) et Jean.

Le comte de Provence, Charles II, conquit cette ville (fort troublée à cette époque) avec le concours de Hugues I. En remerciement, ce dernier fut nommé châtelain, puis bailli et viguier. C’est à lui que l’on doit les fortifications de Hyères. Ces travaux furent poursuivis par son fils, Aicard Fabri. Le nom actuel de la rue et de la porte Cafabre (porte d’Ycard Fabri) situées dans la vieille ville en est le souvenir.

Aicard Fabri épousa Hugone de Fos de la Garde, descendante du connétable de Provence Romée de Villeneuve. Deux fils naîtront de cette union : Hugues (II) et Jean. L’un de leurs cousins, Guillaume Fabri de Soliès sera, en 1304, le fondateur de l’hôpital d’Hyères.

Hugues II Fabri épousa (en 1281) Paulette de Versello et trois enfants naîtront : Bertrand, Antoine et Hugone (désignée, selon une coutume de l’époque, par Fabresse). Puis, successivement,

  • Bertrand Fabri épousa (en 1340) Marie de Fossis d’où naîtra Guillaume,
  • Guillaume Fabri épousa (en 1373) Béatrix de Quatrelionne, d’où naîtra Antoine,
  • Antoine Fabri épousa (en 1429) Huguette de Claritys d’où naîtra Raymond,
  • Raymond Fabri (1403-1465) épousa (en 1437) Yolande Portanier, d’où naîtra Amédée,
  • Amédée Fabri (ca. 1574-1644), gouverneur du Château de Hyères, épousa (en 1463) Louise de Gombert (?-1494), dame de Terrelongue, d’où naîtront Fouquet, Guillaume, Etienne ;
  • Fouquet Fabri (1474-1546) seigneur de la Verne et de Callas, épousa (en 1494) Sylvestre L’Évêque d’où naîtront Nicolas, Louis, Charles, Balthazar, Catherine, Pierre ;
  • Nicolas Fabri (?-1572) baron de Rians et seigneur de Callas et de Brégançon, épousa (en 1543) Catherine Chiavari Fabri d’où naîtront Rainaud, Claude, Marie-Madeleine, Victoire, Charlotte ;
  • Rainaud Fabri, seigneur de Callas, épousa (en 1577) Marguerite de Bompar (1560-1582), d’où naîtront : Nicolas-Claude Fabri (seigneur de Calas et de Peiresc, baron de Rians) et Palamède Fabri seigneur de Valavez.

-o0o-

Branche maternelle

  • Pierre Bompar (ca. 1430-?) épousa Briande ??? d’où naquirent 6 enfants : Vincent, Bathélémy, Michel, Jacques, Honoré, Louis ;
  • Vincent Bompar (ca. 1550-1503) épousa Alayone Girard d’où naîtront Jean, Honoré, Hugues, Honorate, Andrivete, Magdeleine ;
  • Hugues de Bompar épousa (en 1514) Delphine Rozier (Dame de Peiresc) d’où naîtront Pierre, Vincent, Claude, Marthe, Delphine, Isabeau, Melchionne, Jean, Jean-Gaspard ;
  • Jean-Gaspard de Bompar (seigneur de Peiresc et de Valavez) épousa Lucrèce de Vallavoire, d’où naîtra Marguerite de Bompar, future épouse de Rainaud Fabri et mère de Nicolas-Claude et de Palamède.

Retour

-oo0oo-

Le voyage en Italie

Tout jeune, Peiresc force l’admiration : à 6 ans il lit et étonne son entourage par sa curiosité précoce. À 7 ans, en compagnie de son frère Palamède dont il restera toujours très proche, il commence à étudier au collège de Brignoles, où était repliée la Cour des Aides et des Comptes en raison de l’épidémie de peste qui persistait. Puis, sur sa demande, il poursuivit ses études à St Maximin, mais ce fut pour une courte durée car la peste gagna cette ville l’année suivante et obligea sa famille à retourner à Belgentier où elle résida un an. Il fut ensuite envoyé au collège des jésuites d’Avignon, puis au collège de Tournon et revient à Aix pour suivre des études de philosophie. C’est à Avignon qu’il apprend à nager et qu’il fait ses premières observations : il relève des transformations dans les cailloux présents dans le lit du fleuve.

Dès l’âge de 15 ans, il est initié au maniement des armes ; il monte à cheval et apprend même la danse. Mais ses goûts l’attirent vers l’histoire : il entreprend de collectionner des médailles et des monnaies qui constitueront de quoi fournir son cabinet de curiosités. Son oncle paternel, Claude Fabri, sans descendance, lui promet de le faire bénéficier de sa charge de conseiller au Parlement d’Aix ; pour cela notre jeune Nicolas-Claude doit se former en droit. Et n’est-il pas courant, à cette époque pour les fils de la petite noblesse d’aller parfaire leur formation en Italie ? C’est ce que fera Peiresc, en compagnie de Palamède. Accompagnés d’un gouverneur chargé de veiller au sérieux des jeunes gens, ils quittent Aix en septembre 1599 et embarquent à Cannes pour se rendre à Padoue, ville universitaire italienne où il y a vingt mille étudiants. Ils débarquent à Gênes, puis s’arrêtent à Lucques, Pise, Florence, Bologne, Ferrare, Venise, Padoue ; ils y visitent monuments, cabinets de curiosité en plein développement, et y rencontrent des savants. Il leur fallut trois mois pour arriver à Padoue.

Le voyage en Italie de Peiresc. Doc APAP

À Padoue, Peiresc fit la connaissance d’un humaniste italien alors réputé, Vincenzo Pinelli (Padoue, 1535 – Padoue, 1601), mentor de Galilée, botaniste, bibliophile et collectionneur d’instruments scientifiques qui , malgré la brièveté de leur rencontre, restera pour notre jeune aixois un véritable modèle. Il possédait une bibliothèque, sans doute la plus vaste du XVIe siècle, dont Peiresc s’inspirera tout au long de sa vie.

C’est à Padoue, chez Pinelli, que Peiresc rencontrera Galileo Galilei (Pise, 1578 – Arcetri, 1642) qui y enseignait les mathématiques. Cette rencontre fut à l’origine d’une correspondance entre les deux hommes qui aboutira à la défense de Galilée par Peiresc lors du procès du premier. Peiresc fera également la connaissance du médecin anglais William Harvey (Folkestone, 1578 – Londres, 1657), découvreur de la circulation sanguine. Le 5 octobre 1600 le roi de France Henri IV épouse à Florence et par « procuration » (le marié n’est pas présent, mais représenté par le grand-duc de Toscane) Marie de Médicis. Peiresc assiste à la cérémonie. Il fait également la connaissance du peintre Paul Rubens (Siegen, 1577 – Anvers, 1640) avec qui il restera lié.

1600 est l’année jubilaire : Peiresc veut alors se rendre à Rome.

Au printemps 1601 il quitte Padoue et se dirige vers Rome. De là il va visiter Naples et voir le Vésuve. Il aimerait bien se rendre en Sicile, attiré par l’Etna. Mais le veto de l’accompagnateur (et les fonds qui sont au plus justes) l’en empêchera. C’est le retour : à nouveau Rome, Pérouse, le lac Trasimène, Ancone, Viterbe, Pesaro, Rimini, Ravenne, Venise et puis Padoue où il restera une année : il faut bien achever les études de droit qui avaient motivé ce voyage et qu’il a interrompues pendant si longtemps ! D’autres sciences l’intéressent : l’astronomie, l’anatomie, les langues : il faut tout approfondir.

Le retour d’Italie. Doc APAP

L’escapade italienne doit se terminer : il est rappelé à Aix par sa famille. Le retour sera cependant aussi fantaisiste que l’aller. On passe par Vérone, Mantoue, Milan, Turin ; il franchit les Alpes pour s’arrêter à Genève.

À Genève, il visite l’Helvétie et admire son lac Léman, le traverse jusqu’à Thonon. Il souhaite pousser jusqu’à Semur mais les désordres qu’il y avait en Bourgogne, dus au maréchal de Biron l’en empêchent. Il se dirige alors vers Lyon et, de là, gagne Montpellier où il va résider chez Jules Pacius, qui sera son professeur de droit.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Pacius.png.
Jules Pacius de Beriga

Né en 1550 à Vicence en Italie, Jules Pacius suivit des études de droit. Ayant embrassé très jeune la foi protestante, il émigra en Suisse à Genève où il enseigna cette discipline ainsi que la logique. En 1597 il vient en France pour enseigner le droit à Nîmes, puis à Montpellier où il hébergera Peiresc. Un moment tenté de venir à Aix sous la pression de Peiresc, il y renonce car une condition était qu’il revienne dans la religion catholique. Peiresc restera lié à Pacius qui enseignera ensuite à Heidelberg, à Valence, à Padoue enfin à nouveau à Valence où il décèdera en 1635.

Retour

-oo0oo-

La fin des études

En 1603, Peiresc retourne à Aix en compagnie de Pacius. Peiresc veut le voir nommé professeur de droit à Aix. La condition est cependant inacceptable pour Pacius : il lui faudrait retourner vers la religion catholique. Comme il n’en est pas question, Peiresc et Pacius reviennent à Montpellier avec, pour le premier, la ferme intention d’y achever des études entreprises depuis plusieurs années. La route passe cependant par la Fontaine de Vaucluse, Orange, Avignon, le Pont du Gard, Nîmes : il faut bien que Pacius connaisse ces cités célèbres !

Peiresc, dont la santé est fragile, tombe malade : il doit délaisser momentanément sa correspondance. Conséquence : à Rome on le croit mort, ce qui l’oblige à démentir auprès de ses fidèles correspondants.

De son côté, Pacius est sollicité pour aller enseigner à Heidelberg. ; il quitte Montpellier. Quant à lui, Peiresc rentre à Aix en fin d’année 1603 pour y achèver ses études.

Retour

-oo0oo-

Conseiller au Parlement de Provence

En janvier 1604 il soutint brillamment sa thèse à Aix. Les jours qui suivirent la soutenance furent jours de fête : réceptions, banquets, bal de clôture. Le surlendemain, c’est au tour de Palamède de devenir docteur en droit.

Dans la foulée son père voulut qu’il se maria et lui proposa d’épouser la fille de Jean de la Ceppède premier président de la Chambre des Comptes. Mais tel n’était pas du tout le souhait de Peiresc : il déclina fermement la proposition, préférant consacrer son temps à l’étude, à l’instar de son oncle Claude mais aussi de celui avec qui il va devoir travailler : Guillaume du Vair.

Succédant à son oncle Claude, il est reçu comme conseiller au Parlement de Provence le 24 juin 1607. Il va se consacrer entièrement à sa charge pendant huit ans, pendant une période particulièrement troublée. Il dispose malgré tout de suffisamment de temps libre pour continuer à étudier attentivement le monde qui l’entoure.

Retour

-oo0oo-

Peiresc à Aix

L’hôtel de Callas

Peiresc, comme son père avant lui, était seigneur de Callas. Leur résidence aixoise (hôtel de Callas) était située rue de la Trésorerie, derrière le palais comtal.

Le palais comtal est représenté sur le croquis ci-dessus en grisé. On a superposé en tireté rouge l’actuel palais de justice, construit au XVIIIe siècle lorsque le palais comtal a été démoli pour cause de vétusté. Doc APAP d’après J-P Coste et J-L Charrière

Retour

-oo0oo-

Nouveaux voyages de Peiresc

Quelques mois plus tard, Peiresc revient à Aix, mais c’est pour aller à Paris. Après avoir soutenu sa thèse, il sera reçu Conseiller au Parlement de Provence, succédant ainsi à son oncle Claude. Le premier président de cette institution est alors Guillaume du Vair qui a été nommé dans cette charge par Henri IV. Du Vair prend en sympathie le jeune conseiller Peiresc qui devient son secrétaire.

-o0o-

Guillaume du Vair

C’est ainsi que Peiresc va être amené à suivre du Vair à Paris.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est DuVair.jpg.
Portrait de Guillaume du Vair par le peintre Franz Pourbus le Jeune. Cl. Wikipedia

Il profitera de cette escapade parisienne et d’une absence de du Vair qu’il n’a pas voulu accompagner à Aix pour pouvoir voyager. En 1606 il passe trois mois en Angleterre. Ce sera pour lui l’occasion de rencontrer des célébrités : il rend visite à l’historien numismate  William Camden (Londres, 1551 – Chileshurst, 1623). Puis il se dirige vers les Pays-Bas et la Flandre pour rencontrer à Leyde un historien protestant d’origine française, Joseph Juste Scaliger (Agen, 1540 – Leyde, 1609) que l’on considère comme le créateur de la science chronologique : il est l’inventeur de la période julienne utilisée en astronomie. Peiresc se présentera anonymement à Scaliger avec une lettre d’introduction de sa fabrication. La supercherie ne dure pas et l’hôte, bien que très malade, le reçoit avec grand plaisir.

Ce fut ensuite pour Peiresc l’occasion de visiter Charles de l’Écluse (Arras, 1526 – Leyde, 1609), médecin et botaniste flamand de langue française.

Retour

-oo0oo-

Abbé de Guîtres

À l’automne 1618 Peiresc fut nommé par le roi Louis XIII abbé commendataire de Notre-Dame de Guîtres, abbaye située en Aquitaine. Or Peiresc était un laïc en tant que conseiller au Parlement de Provence. Le cumul de ces deux charges était interdit. Son ami le cardinal Maffeo Barberini (Florence, 1588 – Rome, 1644), futur pape sous le nom d’Urbain VIII, intervint auprès de Rome pour que Peiresc bénéficia d’une dispense qui lui fut accordée en 1619.

Il ne s’agissait cependant pas d’une sinécure. L’abbaye avait souffert des débuts de la guerre de cent ans (1328) : l’abbaye et le monastère sont ravagés par les anglais. De 1545 à 1549 l’abbaye est le quartier général d’une révolte contre la gabelle : les révoltés sont appelés les « Guîtres ». Dix ans plus tard, les guerres de religion ravage les locaux, les rendant inhabitables. Les Huguenots, sous la conduite de Jeanne d’Albret (mère du futur Henri IV), brûlent papiers et bâtiments.

Dès qu’il est nommé abbé, Peiresc décide de consacrer tous les revenus qu’il en tire à restaurer les bâtiments, ce qui ne sera pas sans mal, car il avait à lutter contre l’archevêque de Bordeaux qui voulait acquérir ce bien, puis contre Richelieu qui le convoitait aussi. Il n’y passera lui-même qu’une semaine, en 1623. Peiresc laissera le souvenir d’un abbé soucieux de redonner vie à ce lieu. Ce sera cependant pour une courte durée : à sa mort l’un de ses neveux en hérite mais sera incapable d’éviter une rapide décadence.

Abbatiale Notre Dame. Cl. Père Igor, in Wikipedia

Retour

-oo0oo-

La révolte des Cascaveous

On désigne par ce terme une révolte qui se déroula à Aix en 1630. Jusqu’au printemps 1630, la collecte et la répartition des impôts revenaient aux États de Provence. Une épidémie de peste dévastait Aix et sa région depuis août 1629. C’est le moment choisi par Richelieu pour prendre un édit dsetiné à transférer ce privilège aux délégués royaux. Cette décision déclencha une véritable révolte et les protestataires attachèrent un grelot (cascaveous) à leur bras . À l’arrivée du représentant royal les émeutiers arrêtèrent et brûlèrent son carrosse place des Prêcheurs. Or Peiresc était lié à ce personnage. En octobre la révolte gronde et les émeutiers envahissent les demeures de tous ceux qu’ils estiment liés à Richelieu. Peiresc est de ceux-là. L’hôtel de Callas est envahi par les révoltés qui seront arrêtés grâce au sang-froid montré par Corberan, le secrétaire de Peiresc.

Retour

-oo0oo-

La mort de Peiresc

De santé fragile, Peiresc mourut jeune, à 57 ans. Il dicta son testament le 22 juin 1637 en précisant son souhait d’être enterré dans la chapelle familiale que les Fabri possédaient, à gauche de l’autel, dans l’église des Dominicains (aujourd’hui l’église de la Madeleine située place des Prêcheurs). Le 24, au lever du soleil, il reçut la dernière onction et mourut dans la journée. Son corps fut déposé dans la chapelle des Fabri.

La mort de Peiresc, dès qu’elle fut connue, a été l’objet de manifestations de sympathie. C’est ainsi qu’une épitaphe rédigée par Nicolas Rigault (Paris, 1577 – Toul, 1654) et retenue par Valavez, fut préparée, proche de celle qui y est de nos jours. On en trouvera ci-dessous le texte reproduit par Gassendi dans sa Vita Peireskii.

Texte de l’épitaphe fourni par Gassendi.

De son côté, l’Académie romaine des Humoristes (fondée par des médecins qui attribuaient aux variations des humeurs l’état de santé ou de la maladie), dans laquelle il avait été coopté, décida d’organiser la séance du 21 décembre 1637 autour de l’hommage qu’elle avait tenu à lui rendre. C’est l’érudit français Jean-Jacques Bouchard qui fut chargé de prononcer une oraison funèbre très remarquée ; elle était intitulée « un gémissement du genre humain ». La manifestation fut grandiose : toute tendue de noir, la salle accueillit neuf cardinaux, des princes, des nobles, des artistes, des écrivains, des religieux et des magistrats.

Retour

-oo0oo-

Le tombeau de Peiresc

Après le décès de Nicolas-Claude, il fut projeté de construire un monument en son honneur, mais les vicissitudes de l’époque n’ont pas permis à ce projet d’aboutir. À la fin du XVIIIe siècle, le président du Parlement de Provence, Jules François de Fauris de St Vincent (Aix, 1718 – Aix, 1798) reprit l’idée et demanda au sculpteur Jean-Pancrace Chastel (Avignon, 1726 – Aix, 1793) de préparer un monument. La Révolution intervint et le projet n’aboutit pas. Mais ce sera Alexandre de Fauris de Saint-Vincent (Aix, 1750 – Aix, 1819), fils du précédent, maire d’Aix et président de l’Académie d’Aix qui, reprenant l’idée de son père, fera réaliser un ensemble comprenant une épitaphe, un cippe et une urne factice installés dans la cathédrale St Sauveur en 1803 (chapelle St Mitre). Or la famille des Fabri possédait une chapelle familiale située dans l’église de la Madeleine. En 1888 Philippe Tamisey de Larroque, qui vient de publier sa correspondance, suscite un intérêt nouveau pour Peiresc. Une souscription permet de rénover cette chapelle. Le monument de Chastel sera alors scindé en deux parties : le cippe et l’urne resteront à St Sauveur, et l’épitaphe sera installée à la Madeleine, dans la chapelle des Fabri avec les restes de Peiresc.

Plan de la Madeleine avec positionnement de la chapelle des Fabri. Doc APAP

Retour

-oo0oo-

Les effigies de Peiresc

Les portraits

Il existe de nombreux portraits et bustes de Peiresc. Certains d’entre eux sont présentés ci-dessous.

Les bustes

Retour

-oo0oo-

L’homme

Trait de caractère

Catherine Vassal étoit de si mauvaise humeur qu’un jour entr’autres, étant à diner elle chanta pouilles au jeune Peyresk & fit tout ce qu’elle put pour l’engager à lui répondre sur le même ton. Peyresk dont le naturel était fort vif & colère sçut se contraindre. Il souffrit long-tems & enfin se défiant de sa vivacité, il sortit de table en répondant que tout étoit vrai & qu’on ne lui en disoit point assez. Ce procédé inespéré de sa part calma la bile de la marâtre & lui changea l’humeur envers Peyresk. Quelques jours après cette scène, elle lui demanda pourquoi sçachant la fausseté de ses reproches, il avoit passé condamnation…? Alors Peyresk lui répondit en home sensé & qui connaissoit le cœur humain, que toutes les fois qu’elle voudroit décharger sa bile sur quelqu’un, il lui demandoit la préférence ; car dit-il, je le soufrirai patiemment, au lieu qu’un autre vous répondroit sur le même ton, vous animeroit davantage & vous rendroit malade. La réponse fit son effet, la marâtre l’aima dès-lors autant qu’elle l’avoit haï, & son amour pour Peyresk augmenta tellement dans la suite qu’elle voulut le faire son héritier.

Histoire de la Noblesse du comté d’Avignon et de la principauté d’Orange  dressée sur les preuves. Dédiée au roy, (tome 3e), à paris, 1750

-o0o-

La République des Lettres

La République des Lettres désigne un collectif informel d’intellectuels (hommes de lettres et savants de tous pays) créé au XVIe siècle afin de conserver les traces des écrits (lettres et manuscrits) de ceux qui échangeaient des courriers en latin. Il s’agit d’un État fort démocratique dans lequel la naissance n’y joue aucun rôle : seul le savoir donne un rang à chacun en dehors de toute nationalité. Cette République possédait une langue : le latin, puis ce fut le français. Ce réseau s’étendait dans toute l’Europe et constituait le seul espace de liberté, véritable réplique à tous les absolutismes.

Première lecture de la tragédie « L’orphelin de la Chine » de Voltaire dans le salon de Madame Geoffrin. Anicet Charles Gabriel Lemonnier,© RMN Grand-Palais, D. Arnaudet, source Wikipedia

Peiresc était qualifié de « Prince de la République des Lettres ». Bien qu’il n’ait rien publié, sa démarche comme épistolier en fait un membre typique. Selon Marc Fumaroli, Peiresc fit de sa ville (Aix) pendant près de quarante ans la capitale de cette république.

-oo0oo-

Retour salle Peiresc

-ooo0ooo-